La possibilité de découverte par l’acte de dérive existe aussi dans le langage. En récupérant des mots français retrouvés à divers lieux publics de Saint-Boniface et de Winnipeg, Vocabulaire de Michèle Provost, un projet à la fois cartographique et poétique nous invite à nous interroger sur l’intention, la réception et la diffusion de messages.
Dans L’Œil cartographique de l’art (Christine Buci-Glucksmann, L’Oeil cartographique de l’art, Paris, Galilée, p.74 et p.17 de l’édition 1996) Christine Buci-Glucksmann appréhende la carte « comme un paradigme de l’art contemporain », faisant d’elle un « plateau » au sens deleuzien : « Comme tout plateau elle comporte des strates (mémoire et pouvoir), des agencements (territoire et déterritorialisation), et des complexités («… la psychogéographie se proposerait l’étude des lois exactes, et des effets précis du milieu géographique, consciemment aménagé ou non, agissant directement sur le comportement affectif des individus. »Guy Debord, “Introduction à une critique de la géographie urbaine” in Les lèvres nues, n°6, Bruxelles, 1955) mondes réels et virtuels) ».
Cet acte psycho-géographique ( est ensuite documenté en galerie sur une carte géographique de Winnipeg que Provost a brodée. La ville est maintenant présentée comme lieu d’interaction linguistique. Au-delà de la réinterprétation et de la réappropriation qui ont lieu lorsque l’artiste présente ce qui semble banal dans l’espace transformationnel de la galerie, Provost invite le public à explorer comment ces mots peuvent être recombinés de manière à engendrer un nombre infini d’images et de concepts plus substantiels.
En déployant la cartographie et l’art textuel, Provost provoque un questionnement sur les frontières physiques et culturelles qui se retrouvent dans des espaces urbains. En se misant sur le français, Vocabulaire ouvre la porte à un dialogue des descriptions de quartiers étant « francophone », tout en transformant le langage quotidien en poésie. Et, lorsque l’on quitte la galerie, la ville sera vue d’un nouvel œil et les mots qu’on y trouve seront chargés de nouvelles possibilités.
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By making use of cartography and textual art, Provost provokes a reconsideration of the physical and cultural boundaries that exist in urban spaces. With its particular focus on French, Vocabulaire opens the
door to a discussion of neighbourhoods labelled as “Francophone”, all the while transforming everyday
language into poetry. Thus, upon leaving the gallery, the city will be seen anew, and the words that are found there will be laden with new possibilities.
Michèle Provost lives and works in Outauais region. Her works are most often presented in installations or assemblages, their materiality being a determining feature of these works. Her art, of varied media
selected according to the subject, have been acquired by both public and private collections, most notably the City of Ottawa, the Canada Council for the Arts and the Ottawa Art Gallery; her works have been shown in group and solo shows, both in Canada and internationally.