Galerie contemporaine

Incarnation

Incarnation regroupe le travail de quatre artistes qui questionnent leur rapport et leurs expériences face à leur propre corps par le biais de l’autoreprésentation. En brouillant les limites entre les sphères intimes et publiques, elles se dévoilent, détournant leur nudité du désir pour en faire une prise de position engagée et politique qui interroge le rapport d’altérité entre le le sujet et le regardeur.

Susan Aydan Abbott, Michèle Bygodt, Yvette Cenerini, Riisa Gundesen

Commissaire: Lou-Anne Bourdeau
du 4 août
au 24 septembre, 2022

Susan Aydan Abbott

Démarche artistique

Je crée des œuvres photographiques, cinématographiques et installatives profondément personnelles qui parlent de mémoire, de résilience, de violence traumatique et de survie. J’aborde les questions sociales d’une manière à la fois viscérale et sensible, en interrogeant les traumatismes non résolus et la honte à travers une lentille personnelle. En utilisant des moulages de mon corps et de mon visage, mon travail relie l’architecture et le paysage à mon histoire personnelle en transférant directement la douleur de mes expériences sur et dans mon environnement. Des flashs de mémoire et des émotions brutes informent mon travail, révélant des aperçus du processus d’adaptation et de vie avec un traumatisme non résolu.

BIO

Susan Aydan Abbott est une artiste multidisciplinaire qui vit et travaille actuellement à Winnipeg, au Manitoba. Son expérience vécue de la maladie mentale, de l'itinérance, de la toxicomanie et de l'abus fait d’une ardente partisane de la justice sociale. De même, sa pratique artistique explore le plus souvent des thèmes liés à la culture du viol et à la violence contre les femmes. 

 

Abbott a participé à des expositions individuelles et collectives à l'échelle locale et nationale, ainsi qu'à des résidences à Hamilton (Ontario) (Center3) et au Feminist art Collective à Toronto. Son travail a été mis en vedette sur le site Web du Conseil des Arts du Canada en 2018.

Susan Aydan Abbott
Rebirth,
Susan Aydan Abbott
Rebirth,

Michèle Bygodt

Je trouve la plupart de mon inspiration dans l’eau et le verre pour leur qualité et leur capacité à me projeter dans une autre réalité que le monde dans lequel je vis actuellement. Je me promène et mon œil attrape des reflets sur des fenêtres ou des flaques d’eau que j’essaie de recréer dans mon travail par l’utilisation de matériaux réfléchissants, ou l’idée même de réflexion. C’est un questionnement constant sur la réalité, ce qu’elle est et comment la perception est subjective. 

 

La lumière étant une conscience, les miroirs sont par conséquent porteurs de la "vérité" et la reflètent. À travers mes photographies, je remets en question cette vérité et j’essaie de comprendre la réalité d’un objet ou d’une personne en les capturant comme si j’étais leur moi inconscient. Mes photographies remettent également en question les idées d’invisibilité, qui sont directement liées à celles de réalité ; en mettant en lumière ce que je vois et en révélant ce qui est invisible pour les autres ou non regardé. 

 

La photographie m’apprend à réfléchir sur la perception et sur la façon dont je photographie, qui révèle ma propre inconscience. Mon objectif est de créer un dialogue avec le spectateur sur la réalité et sur son impact sur sa façon de penser, de voir et d’agir dans le monde.

 

BIO

Née à Libreville, au Gabon, Michèle Bygodt s’est intéressée à la photographie dès l’adolescence, lorsque le travail de son père l’a amenée à vivre dans 5 pays différents, en Afrique et en Europe. Le fait de vivre dans un environnement multiculturel et, plus tard, de se déplacer d’un pays à l’autre a éveillé son intérêt pour la photographie de voyage, la diversité culturelle, les différences et les similitudes. Elle a obtenu une licence en design graphique et en sciences à Paris avant de décider de s’installer à Vancouver en 2016 pour se consacrer à la photographie. Après avoir fréquenté l’Emily Carr University of Art+Design, elle a obtenu un BFA en 2019. Pendant ses études, elle a également été sélectionnée pour le prix Lind 2018. 

 

Au cours de ses études de design, elle a passé 2 ans à se familiariser avec le mouvement Bauhaus, ce qui l’a amenée à étudier plusieurs artistes. Le peintre et photographe Laszlo Moholy-Nagy, les photographes Florence Henri, Andreas Feininger et Karl Blossfeldt ont contribué à ce qu’elle questionne la réalité, la perception et l’art d’observer dans son travail.  Michèle s’attache à donner une voix à ce qui est invisible ou non-regardé.  Certaines de ses œuvres ont fait partie de l’exposition Sankofa au Musée d’Anthropologie (UBC). Elle est membre de Black Women Photographers et termine actuellement une série intitulée Gnoul (Body) qui remet en question le terme "corps noir".

Michèle Bygodt
State 1,
Michèle Bygodt
State 1,

Yvette Cenerini

Cette série de photocollages de tailles réelles et miniatures considère la paralysie en relation avec l'engagement social. C'est une extériorisation de l’angoisse dont je ressens face à ma dépendance incessante aux machines et aux autres. Dans mon besoin d'aide, l'appréciation et le ressentiment sont des  forces inverses que me consument. L'autoportrait est construit à partir de parties de corps photographiées, segmentées et réassemblées par des joints articulés. Dans certains cas, ce sont les spectateurs qui contrôlent tous les gestes de mon corps et dans d'autres, j'imagine en mouvement selon ma propre volonté. L'intention est double : de désensibiliser les spectateurs à la vue d'un corps handicapé et de leur donner les moyens d'assumer leur rôle sociétal dans ce qui est la responsabilité collective de prendre soin  de ceux qui peuvent être vulnérables.

BIO

Yvette Cenerini (née Lagimodière) est une artiste visuelle métisse francophone du Manitoba qui vit et travaille sur le territoire visé par le Traité no 1. Son travail en peinture et en photocollage est caractérisé par l'utilisation de l'animal comme sujet. Il examine les subtilités des relations et des émotions à travers une esthétique simple, chargée de sous-entendus sarcastiques. Cenerini a participé à plusieurs expositions collectives au Manitoba, au Québec et en Ontario. Membre impliquée de la communauté artistique, elle a siégé aux conseils d'administration de Mentoring Artists for Women's Art, Arts AccessAbility Network Manitoba et La Maison des artistes visuels francophones. Ayant obtenu un B.Éd (2001) et un B.A.V. (2010), le partage des connaissances par le biais de l’art sous forme d'enseignement, de mentorat, de médiation culturelle et d'engagement communautaire est un élément important de sa pratique.

Yvette Cenerini (avec l'assistance de Ken Gregory, Erika Lincoln, Ray Peterson et Diana Thorneycroft)
Poupée articulée en papier (pose 1),
Yvette Cenerini (avec l'assistance de Ken Gregory, Erika Lincoln, Ray Peterson et Diana Thorneycroft)
Poupée articulée en papier (pose 1),

Riisa Gundesen

Ma pratique de la peinture explore la performance de la féminité dans le contexte d’espaces et d’activités privés, particulièrement en ce qui concerne mes expériences de pensées intrusives, d’anxiété et de dépression, et ma relation au genre. Par le biais d’autoportraits peints, je documente ou recrée des périodes d’agitation mentale dans l’environnement intime de la maison, qui prend un rôle sinistre, rempli de désordre, de déchets jetés ou de nourriture en décomposition. La (ma) figure est envahie par des zones de cire et de peinture grumeleuses et sur-travaillées, faisant référence aux habitudes compulsives de grattage et d’arrachage que j’éprouve en relation avec des crises d’anxiété. Mon projet actuel se concentre sur la salle de bain de mon petit appartement, construisant un sens de la narration autour des activités et des objets qui l’habitent, et mettant en évidence les produits commerciaux qui sont commercialisés comme des panacées pour le stress et la maladie mentale. La série explore le potentiel de ces objets en tant que fac-similés, sinistres du corps, et en tant que symboles d’anxiétés collectives autour de la désirabilité, du vieillissement et de la mort.

 

BIO

Riisa Gundesen (elle) est une peintre à l'huile basée à Edmonton, AB, Territoire du Traité 6. Sa pratique porte sur l'autoportrait et la nature morte, explorant des sujets tels que la narration personnelle, l'abjection, la féminité et la maladie mentale. Son travail a été présenté dans de nombreuses galeries et centres d'artistes autogérés à travers le Canada, et plus récemment dans le cadre d'importantes expositions collectives à Contemporary Calgary et à la Dunlop Art Gallery. Elle a également été présentée dans des publications telles que Galleries West et The Capilano Review, et ses œuvres font partie des collections de l'Alberta Foundation for the Arts et de l'Université de la Saskatchewan. Gundesen a obtenu son baccalauréat en beaux-arts de l'Université de Lethbridge en 2012 et sa maîtrise en beaux-arts de l'Université de la Saskatchewan en 2017. Elle enseigne actuellement la peinture et le dessin à l'Université de l'Alberta.

Riisa Gundesen
Self Portrait with Cryo Mask and Lingerie,
Riisa Gundesen
Self Portrait with Cryo Mask and Lingerie,

Voici une courte présentation d'Incarnation par sa commissaire et deux des artistes qui font partie de l'exposition. Venez la visiter pour en apprendre plus!

Membre.s artiste.s connexe.s

Yvette Cenerini
Embodied

Embodied brings together the work of four artists who question their relationship and experiences with their own bodies through self-representation. By blurring the limits between the intimate and public spheres, they reveal themselves, diverting their nudity from desire to make a committed and political stand that questions the relationship of otherness between the subject and the viewer.