Être c’est occuper un lieu pendant un temps. C’est la mécanique physico-chimique de base de l’Univers. C’est l’état de n’importe quel atome, soleil, fleur, nuage, bactérie, poisson ou tornade. Ça prend pas la tête à Papineau.
C’est un des dénominateurs communs des œuvres de hannah_g, de Chantel Mierau et de Stéphane Oystryk : la narration, le produit de la conscience, nourrie d’un lieu et d’un temps, qui cherche un sens physique, psychologique et téléologique.
La série Chicago of the North et le projet On Salt Islets abordent les effets transformateurs des lieux et du passage du temps sur les consciences (celles des protagonistes, du narrateur, de l’auteure et des lecteurs). Ce passage c’est à la fois la courbe dramatique des personnages et le kaléidoscope qui nous permet de « romantiser » le passé. Ainsi l’atmosphère, les personnages et les péripéties deviennent des figures d’épopées et de tragédies révélatrices de la démesure et de l’orgueil individuel et collectif. On Salt Islets révèle aussi, mais plus intimement, la qualité transformatrice du temps qui agit aveuglément sur la matière et sur la conscience, et révèle aussi la capacité de la conscience à transformer la matière et à se transformer elle-même, qu’elle en soit consciente ou pas.
La vie est affaire de reproduction, celle des molécules, des cellules, des corps, des schèmes de pensées, des croyances, des structures sociales. C’est aussi affaire d’évolution, de déplacement, de croissance et d’entropie. Mierau situe ses performances et ses installations dans le continuum historique, religieux et culturel de la communauté mennonite.
Son œuvre narre donc l’état d’un esprit à l’intersection de la reproduction (travail, cérémonies, cérémonie du travail, mythologie de l’Éden) et de l’évolution (le retrait du contexte initial), et conscient comme Héraclite qu’on «…ne (se) baigne pas deux fois dans le même fleuve.» et, comme Anaxagore, que «Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.»
Je t’aime, Saint-Boniface présente le regard d’une conscience sur un lieu, un temps et des protagonistes précisément circonscrits. Et ce regard posé sur Saint-Boniface et ses habitants s’insère dans le mythe et dans l’épopée du quartier et de la communauté qui les habite et les poursuit. La caméra de l’artiste repose sur un trépied dont le premier point d’appui est la tradition (évoquée par la décrépitude des lieux, des immeubles, des clôtures, la palette et l’histoire que ceux-ci révèlent), le deuxième, la modernité (évoquée par la jeunesse des personnages, l’urbanisme moderne, les commentaires, les techniques de prises de vue, la tension générée par la présence de l’autre – autre génération, autre culture) et le troisième, la tension générée par le contact entre tradition et modernité et qui constitue la question que pose le prophète au sujet de l’avenir des lieux, des cultures et des individus.
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Being is occupying a space in time. The mechanics of this physical chemistry is the basis of the Universe. It is the state of any atom, sun, flower, cloud, bacteria, fish or tornado. It isn’t rocket science. Even consciousness is optional. However in the midst of this space that leads nowhere and this undirected stretch of time, consciousness is awakened - and the story begins. This is one of the common denominators of the works of hannah_g, Chantel Mierau and Stéphane Oystryk: narration, the product of consciousness, sustained by a time and a place that is seeking a physical, psychological and teleological meaning.
hannah_g – The Myth
The Chicago of the North series and the On Salt Islets project touch on the transformational effects of place and the passage of time on our consciousness (that of the protagonists, of the narrator, the author and the readers). This passage brings about not only the dramatic curve of the characters, it is the kaleidoscope that allows us to ‘romanticize’ the past. Thus, the atmosphere, the characters and the unexpected events become cult figures and revelatory tragedies of disproportionate individual and collective pride. On a more intimate level, On Salt Islets also reveals the transformative quality of time that acts blindly on matter and consciousness, revealing its capacity to transform matter and to transform itself, whether it is conscious of this or not.
Chantel Mierau – The Ceremony
Life is the business of reproduction; of molecules, cells, bodies, thought patterns, beliefs, social structures. It is also the business of evolution, of movement, of growth and entropy. Mierau situates her performances and installations within the historical, religious and cultural continuum of the Mennonite community. Her work narrates the state of a spirit at the crossroads of reproduction (labour, ceremonies, work rituals, the mythology of Eden) and evolution (a retreat from the initial context), conscious as Heraclitus was that we “do not swim twice in the same river” and like Anaxagoras, that “Nothing is lost, nothing is created, everything is transformed.”
Stéphane Oystryk – The Prophecy
Je t’aime, Saint-Boniface (I Love You St. Boniface) presents a consciousness as seen through a place, a time and certain defined protagonists. This observation of St. Boniface and its inhabitants introduces itself into the myth and the saga of the neighbourhood and the community that inhabits and pursues them. The artist’s camera rests upon the tripod whose first support is tradition (conjured by the decay of the sites, the buildings, the fences and the palette and history revealed by them), the second, modernity (evoked by the youth of the characters, modern urbanism, the comments, photographic techniques, the people, the tension generated by the presence of the other – other generation, other culture) and the third, the tension generated by the contact between tradition and modernity that constitutes the question posed by the prophet regarding the future of places, cultures and individuals.